le téléphone et les radiateurs

Un soir de la semaine dernière, le téléphone sonne. J’ai horreur du téléphone qui sonne quand je donne à manger à fourmisseau, alors j’expédie mr fourmi. Mon chéri, jamais contrariant pour un sou : « oui ? …. oui…. ok, lundi 18h30 »
hmmm ? keskidi ? c’était qui ?
– c’est pour changer les radiateurs, on a rdv lundi soir à 18h30.
– … (grrr)
En général quand ça me tombe dessus, j’ai forcément perdu mon travail ou eu un quatrième enfant ou alors je divorce et on vend la maison. Toutes les excuses sont bonnes pour me débarrasser du démarcheur, quoique je n’ai jamais essayé de me prétendre veuve (je me dis que ça en fait peut-être trop, des fois que le démarcheur connaisse quelqu’un dans notre entourage…)

Tant pis pour moi, je n’avais qu’à répondre au téléphone. RDV est pris !

Le lundi soir arrive, et moi avec, mais en retard, vive la circulation. Les hommes sont en grande discussion très animée. Je récupère fourmisseau qui clame à tue-tête sa désapprobation et j’essaye de lui donner à manger. C’est là qu’on entend des hurlements dehors : c’est encore le chat des voisins qui a attaqué la nôtre. Je récupère la mienne, griffée à la queue. Il parait que l’autre a un bout d’oreille en moins. Bien fait.

Bref je finis par coucher le petit, monsieur est encore dans ses explications techniques, ça a l’air fantastique, on signe tout, les radiateurs à fluide, le financement sur 12 mois, on lui offre même un jus de fruits. Il repart content, et moi je vais (enfin !) me pieuter.

30 minutes plus tard, mr fourmi déboule, angoissé, pour me réveiller :
– on s’est plantéééééééééés, c’est de la meeeeeeeeeeerde, faut tout annuleeeeeeeeeeeeer
– … (zzz)

(il faut bien reconnaître que mon sens inné de la répartie n’était pas au mieux de sa forme dans cette histoire…)

Le lendemain je prépare mes recommandés avec AR. Faut quand même que j’appelle le type, question de politesse. Mr fourmi veut pas. Moi non plus. Je me lance devant les mines goguenardes des collègues : « euh on sait pas si ça va marcher avec notre fil pilote, on réfléchit ». Pas moyen de lui dire carrément qu’on veut pas de ses radiateurs. Je raccroche dépitée, les collègues sont morts de rire.

Le matin suivant, je pars poster mes recommandés, ce n’est plus l’heure de tergiverser. Je rappelle. Gros problème, on a perdu la nounou, on est en panique, je vais peut-être devoir arrêter de travailler, on veut plus des radiateurs. Limite je suis arrivée lui faire verser une larme…

Mais j’ai regagné mes 3500 euros !

D’ailleurs il va falloir que je refacture mes recommandés à mr fourmi. Et puis interdiction formelle de répondre au téléphone. Non mais !