Le Club

Cher Michel Pagel, chers Moutons Electriques,

Comme plusieurs générations d’enfants, j’ai lu le Club des Cinq, pas tous certes, juste quelques volumes trouvés dans une armoire de la maison d’enfance de ma mère – ou de mon père, je ne sais plus – qui les avait lus avant moi. Je me rappelle du Trésor de l’Île, le meilleur de tous, la rencontre des Cinq, et le Club des Cinq aux Sports d’Hiver, mon préféré, peut-être parce qu’il y avait un soupçon de surnaturel. Au Bord de la Mer, aussi, et celui dans la demeure mystérieuse du Professeur Lenoir (c’est peut-être le même).

Je ne me rappelle pas du personnage de Pilou, il ne faisait sans doute pas partie des 5 ou 6 romans que j’avais lus. Je me rappelle un peu de Jo la Gitane, et je me souviens que je ne l’aimais pas beaucoup, parce que pour moi les Cinq devaient rester cinq, six c’était vraiment déroutant. Je n’ai pas lu non plus celui où ils découvrent le souterrain.

J’ai peut-être su que le Club des Cinq était une traduction et que les Famous Five originaux étaient Britanniques, mais j’avoue que j’ignorais leurs prénoms (ça n’a pas aidé ma compréhension lors de la première lecture !)

En tous cas, ils étaient mes héros, et 30 ans après, j’ai trouvé toute la collection sur un site de livres d’occasion, les volumes des années 60, pas ceux qui ont été réécrits récemment avec un incroyable appauvrissement du vocabulaire (je pourrais râler des heures sur ce sujet !)

Cher Michel Pagel, tu as dû sacrément les aimer aussi, François, Claude, Mick, Annie et le chien Dagobert, pour avoir envie d’imaginer leurs retrouvailles 30 ans après. J’en trépignais d’impatience ! Ils avaient le même âge que moi lorsque j’ai lu leurs aventures, alors imagine ma curiosité : que sont-ils devenus ? Si on avait grandi ensemble, ils devraient avoir mon âge aujourd’hui, quelle a été leur vie pendant toutes ces années ?

Mais ton histoire est terrifiante. Comme pour la petite Marie de ton roman, j’ai envie de demander : mais que t’avaient-ils donc fait ? J’ai détesté ce que tu as fait d’eux, et il y a des tas de choses qui m’ont déplu. Le personnage de Mick, à peine effeuré, plutôt épargné finalement (un peu pistonné par son prénom ?) La petite Marie aurait pu être un peu moins attendrissante, ça m’aurait fait moins mal. Et pourtant, non, il n’y a pas moyen de voir les choses autrement. En une semaine, je l’ai relu trois fois, ton Club, et toutes les pièces s’emboîtent à la perfection. Pas un détail ne manque, pas un n’est de trop. Ton histoire m’a troublée, transportée, même traumatisée.

Ca faisait 30 ans que les aventures du Club des Cinq me restaient en mémoire. Alors, cher Michel Pagel, tu l’as écrite pour moi, cette histoire ? Parce que j’avais envie d’une suite, et que j’avais besoin de savoir ce que deviennent les héros de nos romans de jeunesse ? Je te déteste pour ce que tu leur as fait, mais force est de reconnaître que ton histoire est comme une immense vague qui t’attrape, te secoue et te laisse le souffle coupé ; comme une immense claque dans la figure, en deux mots, elle est parfaite, elle est exactement ce que j’attendais. Merci Monsieur Pagel.

PS : il faut quand même que je te dise : essaye de toucher à un cheveu de Puck, Karen, Inger et Navire, et je te fais disparaitre dans les sables mouvants à côté du lac d’Egeborg !

Le Club, par Michel Pagel, chez les Moutons Electriques