cash investigation diesel : la réponse de Jean Paul Morin, chercheur INSERM

Suite à la diffusion de ce reportage, nous sommes nombreux à être catastrophés par la manière dont PSA a été piégé. Pas seulement PSA, d’ailleurs, puisque voici la réponse du chercheur INSERM cité dans le reportage, qu’on nous a diffusée.

Mail envoyé par Jean Paul Morin à Elise Lucet ainsi qu’aux députés et sénateurs

Bonjour,

je souhaitais réagir sur l’émission diffusée hier soir concernant le massacre du diesel.

J’ai fait, en tant que chercheur à l’INSERM impliqué dans l’évaluation des impacts cardiorespiratoires des aérosols complexes dont les aérosols issus de la combustion dans les moteurs, ancien membre du comité d’experts scientifiques « milieux »aériens de l’ANSES (2005-2011), et coordinateur et participant à deux programmes de recherche européens (MAAPHRI et ATLANTIS) sur la métrologie la dépollution et la toxicologie des émissions de moteurs à combustion diesel et essence, l’objet depuis novembre 2012 de plusieurs interviews par Edouard Perrin sur le sujet que j’avais acceptées de donner Monsieur Perrin m’ayant expliqué qu’il souhaitait faire un reportage équilibré sur cette question pour l’émission cash investigation d’Elise Lucet. Deux déplacements sur Paris à mes frais , l’enregistrement d’une conférence donnée au CCFA en décembre dernier sur la réalité de la contribution des émissions du parc diesel dans la pollution atmosphérique globale (la pollution particulaire étant dominée même en Ile de France par les émissions du tertiaire et la combustion de biomasse, le trafic automobile n’étant plus la première source de pollution particulaire atmosphérique) (www.ccfa.fr/IMG/pdf/morinparticulesdiesel.pdf), sur la réalité scientifique de la décision rétrospective de l’OMS sur le potentiel cancérogène des émissions de moteurs diesel antérieurs à 1980, sur le rationnel scientifique des évolutions technologiques qui ont eu lieu en lien avec l’évolution de la norme Euro et les gains potentiels en terme de réduction des impacts sanitaires et toxicologiques, j’ai reçu Edouard Perrin au laboratoire pour lui expliquer l’évolution des connaissances scientifiques et techniques sur ce sujet. Au global plusieurs heures d’enregistrements qui se trouvent réduites à du sensationnel sur une expérimentation de coeur isolé perfusé de rat et l’impact toxique du NO2 extraite du contexte où j’expliquais juste après que les constructeurs avaient pris en compte cette problématique et développé des techniques de catalyse sélective pour réduire les oxydes d’azote dont le NO2 d’environ 75% avec l’avènement de la norme Euro6 en septembre 2014.
J’ai aussi expliqué que avec cette norme Euro6 la convergence des réglementations diesel et essence mettaient le diesel et l’essence sur un pied d’égalité. J’ai aussi expliqué que l’avènement en 2014 du nouveau cycle d’homologation européen allait palier les carences de l’actuel cycle d’homologation en matière de caractérisation de polluants

Résultat de tout ce travail, la diffusion d’un reportage idéologique exclusivement à charge contre le diesel, exploitant la suspicion sur l’activité des constructeurs automobiles et la réalité des avancées technologiques au prix de la déstabilisation psychologique, l’incompétence des fonctionnaires du ministère, l’absence d’action structurée des agences nationales telles que l’ANSES ou l’ADEME dans ce domaine, l’utilisation à mauvais escient des données d’airparif, car par exemple il ne s’agissait pas des concentrations de NO2 au niveau parisien, mais de la modélisation d’un inventaire d’émission automobiles au niveau parisien ne prenant en compte que les données trafic et pas les autres sources telles que chauffage, tertiaire, biomasse etc…, on fait peur avec un pic de pollution particulaire du mois de mars 2013 qui n’était en rien corrélé au trafic automobile mais correspondait à un import géographique de nitrate d’ammonium, phénomène classique à cette période de l’année! on présente comme un scoop les mesures en habitacle de véhicules alors que nous avons publié dans le cadre d’une étude de l’ANSES les données de concentrations en habitacle automobile depuis 2007. Il y avait eu en son temps des reportages réalisés entre autre sur France2. Laisser croire que le défappage est une pratique massive est une contre vérité patente, en décrire l’existence dans un tel reportage revient à une incitation à la débauche la majeure partie de la population n’étant pas informée antérieurement de cette pratique illicite et marginale, passer sous silence l’intérêt de l’évolution de la norme euro en matière de qualité de l’air, ridiculiser les forces de l’ordre en charge du controle des émissions polluantes automobiles, laisser croire que les controles techniques sont inopérants en matière d’évaluation des émissions polluantes, cette liste n’étant malheureusement pas exhaustive sur les contre vérités assénées dans ce reportage.

En conclusion, piéger des gens honnêtes dans leur approche de ces questions comme vous l’avez fait pour ce reportage est la démonstration d’une malhonnêteté intellectuelle patente assénée dans les médias en toute impunité sans jamais offrir un droit de réponse aux individus que vous piégez par une habile censure réalisée au montage pour faire de l’audience prospective qui vous permet de vendre à prix d’or vos reportages aux chaines télévisées avides de sensationnel.

Tout cela est bien pitoyable, et comme d’habitude il n’y aura pas de droit de réponse et la la restauration de l’image et de la réalité des faits scientifiquement démontrés, prouvés et validés par la communauté scientifique n’aura pas lieu.

Quand comprendrez vous que les conséquences d’un tel reportage « brulot » relevant de la manipulation mentale sont extrêmement nuisibles aux acteurs industriels de la filière automobile dans sa globalité, qui ont réalisé de lourds investissement en recherche et développement en matière de dépollution et de réduction d’émissions de gaz à effets de serre, institutionnels qui suivent ces dossiers de près, au niveau de notre pays , ainsi qu’à l’image donnée de la France en matière de gestion de cette problématique.

J’ai comme vous pouvez le constater assuré une dissémination importante de cette réaction en espérant qu’elle puisse susciter l’organisation d’un droit de réponse scientifique et objectif sur la situation exacte de cette problématique.
Je me tiens bien sur à disposition de ceux qui parmi les destinataires souhaiteraient bénéficier de ces informations scientifiquement démontrées qui viennent contredire formellement la plus grande partie du contenu de ce reportage.