Allison

1993 : l’année du bac pour Allison, qui attend le jour où elle pourra quitter sa petite ville terne. Heureusement, il y a la musique. Le groupe dans lequel elle joue de la basse, Sugarmaim, mais aussi tous ceux qu’elle écoute : Pixies, Ride, Sonic Youth, Slowdive ou Pavement.

Puis il y a celui qui l’a fait littéralement planer, un matin d’hiver froid : My Bloody Valentine. En écoutant « Loveless », walkman sur les oreilles, la jeune fille décolle. Littéralement. Ses pieds ne touchent plus le sol.

Après ‘Le Club’ de Michel Pagel qui a remis en question toutes les certitudes de l’enfant lectrice que j’étais, ‘Allison’ par Laurent Queyssi est le second roman qui me touche aussi personnellement.

Première constatation, ma culture musicale flirte avec le ras-des-pâquerettes et ce n’est pas facile de suivre le roman sans sa bande son. Quelques passages sur Deezer et je me sens déjà mieux, il y a finalement beaucoup de titres que je connaissais sans savoir les nommer 😉

La deuxième est une interrogation : c’est un peu ‘Inception’, ce roman. Allison plane en écoutant de la musique, et découvre par hasard (ou par synchronicité ?) un livre où l’auteur a vécu un trouble identique. Elle part à sa recherche et en fait ce n’est pas vraiment arrivé à l’auteur du roman-dans-le-roman, mais à sa sœur. Habile façon de brouiller les pistes : et si en réalité, celui à qui c’est arrivé, c’était Laurent Queyssi lui-même ?

Et finalement, pourquoi cette Allison me parle-t-elle autant ? Certes je connaissais à peine les groupes de musique, et pourtant, étrangement, je me sens proche d’Allison. Un peu pour cet effet un peu planant que procure la musique, mais surtout parce que chez moi, c’est la littérature qui est capable de produire cet effet, celui où on change de monde, où on part dans une autre dimension, intérieure celle-ci. Et ce n’est pas parce que personne ne m’a jamais vue décoller du sol que ce n’est pas arrivé, n’est-ce pas ? 😉

Allison, par Laurent Queyssi, chez les Moutons Electriques