Le coup de foudre datait de 2006, quand on m’avait prêté une C3 Pluriel noire pour me rendre à une formation de 3 jours. Il faisait beau, j’avais trouvé amusant le concept toit ouvrant + décapotable et + si affinités. La négociation avec mr Fourmi a été complexe, nous sortions tout juste de la période « Peugeot 307 vert ouranos », surnommée avec fatalisme : l’Invendable, une voiture que la marque Peugeot avait fini par nous reprendre à condition que je me décide à être raisonnable et acheter, comme tout le monde, une voiture tristement grise. La Pluriel, c’était pour lui une nouvelle Invendable, détail qui ne me tracassait pas plus que ça, cette fois, c’était décidé : j’achetais pour la garder !
Je suis tombée d’accord avec moi-même (lui aussi, par la force des choses) pour une Pluriel Côté Sud, couleur bleu Grand Pavois, version petit moteur essence. Elle est arrivée en juin, nous avons sympathisé d’emblée et fait les 400 routes ensemble. Peu après, en août, fourmisseau nous annonçait son arrivée dans un délai de 9 mois environ. On m’a conseillé de vendre la voiture et le chat (séparément ou en commande groupée ?) En bonne tête de mule qui se respecte, j’ai défendu les deux avec acharnement, et consulté tout ce qui se faisait en articles sur « faire cohabiter un bébé avec un chat » et « faire entrer le bébé et son landeau dans une Pluriel pour les Nuls ».
Tout ce petit monde a vécu quelques années sans conflit majeur, la Pluriel a même transporté Fourmisseau, le chat et leurs accessoires sur des trajets Paris-Lorraine, et a fait ses preuves sur neige pour un voyage au ski dans les environs de Briançon début 2010 (…sans enfants cette fois !), jusqu’à LA décision fatidique : le petit frère ou la petite soeur pour Fourmisseau ! Il fallait être raisonnable (pas au point d’acheter une voiture grise, soyons clairs !) et se séparer du cabriolet. La Fourmi mit alors au point une stratégie diabolique : mettre en vente la voiture, juste pour prouver par l’exemple qu’elle était réellement Invendable. Curieusement, nous avons eu un bon nombre d’appels, la plupart juste pour se renseigner. Les plus entreprenants, j’arrivais à les décourager. Je suis allée écrire à un acheteur de Rennes que ma voiture était en très bon état « mais vous savez ce que c’est de conduire en région parisienne » ; mr Fourmi s’en est arraché les cheveux, l’acheteur a dû croire que je vendais une épave, il n’a jamais rappelé.
Début juillet, un jeune homme me demande un rendez-vous pour voir la voiture. Nous avons convenu du lundi midi. J’ai passé la matinée à tourner en rond, avec l’impression de partir à l’échafaud. En partant, je demande à mes collègues, avec une pointe de désespoir : mais qu’est ce que je vais faire s’il veut vraiment l’acheter ? Je dois dire, j’ai pourtant tout essayé : voyez, la porte a été repeinte, l’autoradio ne se rallume pas au démarrage, et là il faut bien appuyer des deux mains sur la lunette sinon ça ne se verrouille pas bien ; rien à faire : il avait l’air ravi : « je vous l’achète ! »
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Le retour à la maison a été terrible, je revoyais la première fois que je l’avais vue, la première promenade décapotée, le premier trajet avec fourmisseau, le chat qui dormait sur la capote en toile parce que c’est plus confortable qu’un toit classique… Le soir, j’ai décrété que je ne la remplacerais pas, je me contenterais de la vieille Clio dont mes parents se séparaient. Même la perspective d’une nouvelle DS3 me laissait inconsolable.
C’est que, en parallèle de ma transaction, Citroën venait d’annoncer la fin de la production de la C3 Pluriel dans son usine espagnole, et que finalement, elle s’était à écoulée à peine à plus de 100 000 exemplaires. Elle avait eu une carrière de vraie Invendable, tout ce qui me correspondait ! Le mardi, j’ai appelé le bureau des ventes pour savoir s’il restait des Pluriel. Le même jour, j’ai rappelé mon acheteur pour lui demander s’il voulait bien que je lui donne au plus vite, j’ai négocié le nouveau crédit, et signé la commande de ma nouvelle C3 Pluriel. Mr Fourmi est parti chercher une corde pour se pendre pendant que les collègues secouaient la tête avec fatalisme, les raisonnements torteux de l’esprit féminin les laissant toujours quelque peu dubitatifs.
Notez bien que j’ai été raisonnable : j’ai vendu la première !
…il ne me reste plus qu’à investir dans le manuel : « faire tenir deux enfants dans une C3 Pluriel pour les Nuls » !
Source : http://www.leblogauto.com/2010/08/adieu-c3-pluriel.html