les voitures ont un instinct grégaire, ne l’aviez-vous jamais remarqué ?
tentez l’expérience : on choisit un parking relativement vide, on se gare sur une place quelconque, ni vraiment trop près, ni vraiment trop loin de la sortie, on laisse mijoter au soleil pendant quelques dizaines de minutes… et on s’aperçoit en revenant qu’une autre voiture est juste à côté de la nôtre alors que le reste du parking est toujours désert.
au début, ça prête à sourire, et de fil en aiguille, ça devient agaçant, en particulier dans les parkings un peu anciens où la place était mesurée pour un gabarit de 2 CV alors qu’aujourd’hui on y gare une C5 break.
bon, avant, je râlais, je me glissais entre les deux en rentrant le ventre et puis je partais en continuant à pester (juste le temps de trouver le sujet de bougonnerie suivant, ce qui arrive vite lorsque la fourmi prend la route)
sauf que là, il se trouve que bébé Bulle a décidé de m’interdire l’option « rentrer le ventre », donc ça devient vite acrobatique et limite rageant.
alors au retour des vacances, j’ai mis mes Grands Principes au fond d’une poche, repris mon petit livret maternité donné par la boîte, j’ai pris les numéros de téléphone, et je suis allée demander gentiment la place de stationnement réservée aux femmes enceintes à partir de la fin du 5eme mois, en espérant que ça soit une place pas forcément plus proche de l’entrée, mais surtout plus large.
il s’avère que c’est un petit badge avec une date de validité pour avoir le droit de se garer sur une place réservée aux handicapés ; ça m’a un peu trotté dans la tête quand même : c’est que je suis la première à clamer haut et fort que je suis enceinte, pas malade ni handicapée, et que si quelque part je fais le choix d’être enceinte ET d’aller travailler, il faut aussi assumer le fait de marcher un peu depuis la place de parking.
… mais quand même… quel bonheur ce matin de me garer, ouvrir très largement ma porte, et pouvoir sortir enfin correctement, en gardant le dos bien droit, sans se faire 15 torticolis en écrabouillant 28 fois bébé au passage, et sans l’angoisse de me demander si j’arriverai à y rentrer sans me contorsionner ce soir.
mes Grands Principes, c’est vrai que j’y tiens ; mais la réalité du quotidien peut rapidement les démonter en pièces, et avec un bébé, on n’a plus envie de subir les conducteurs qui ne savent pas se garer entre deux lignes (ou qui s’en fichent, peut-être)
tiens, ça me rappelle la Grande Question :
– quel est le pire des maux de notre siècle, l’ignorance ou l’indifférence ?
– je ne sais pas, et je m’en fous.